L'histoire de Nadine
Nadine vient consulter pour un changement d’orientation professionnel qui ne se passe pas comme elle le souhaiterait.
Elle a été licenciée par son précédent employeur, elle a trouvé une formation qui lui convient parfaitement, après 1 ou 2 séances pour libérer ce qui la bloquait et lui laissait imaginer qu’elle allait louper son examen de fin de formation et elle réussi son examen haut la main.
Elle veut s’installer en tant que travailleur indépendant (être son propre patron) et exercer le métier de naturopathe. Sa situation lui permettrait de le faire et de monter en puissance tranquillement mais elle n’arrive pas à faire le 1er pas et postule en voulant à tout prix trouver un CDD pour se sentir « en sécurité » financière et se sentir « libre ».
Elle postule systématiquement dans son ancien métier « secrétaire juridique » dans des cabinets d’avocats mais soit le poste proposé lui rappelle son ancien emploi avec de fortes notions « d’injustices », soit le poste lui plait mais n’est proposé qu’en CDI où elle se sentirait « enfermée ».
Après différentes questions pour affiner l’investigation, je demande s’il y aurait une mémoire d’emprisonnement ou de prison.
Réponse: « Je suis attirée par le milieu carcéral et mon beau-père était gardien de prison ».
Question : « Y aurait-il une mémoire d’injustice avec soit quelqu’un qui a été condamné injustement ou quelqu’un qui aurait dû être condamné mais qui ne l’a pas été ? »
Réponse: « Non mais j’aurai toujours rêvé d’être jurée aux Assises et je ne l’ai jamais été ».
Quelques questions complémentaires et j’insiste…
Réponse : « Ah… Il y a quelque chose mais ça n’a peut-être rien à voir… » (je crois que c’est une des formules les plus courantes quand… ça a précisément à voir).
Un employé de mon père a été condamné aux Assises pour complicité de meurtre dans un patricide.
On n’a pas compris, c’était un gars tellement sympa, gentil,… On ne pouvait pas imaginer, on a eu du mal à y croire.
Il a écopé d’une peine de prison aussi lourde (une dizaine d’années) que le meurtrier lui-même, on a trouvé ça « injuste » !
En plus il jouait avec nous (les enfants) quand il avait fini sa pause déjeuner.
(vous imaginez facilement ce que la plupart des gens auraient imaginé à la place des parents… On se fait facilement un film: Il aurait pu… On aurait jamais dû… On sait jamais à qui on a faire…).
En plus l’employé en question est un cousin éloigné
(sa mère est la marraine du père de N.) donc du clan familial de sang !
Nadine était fascinée
Et puis il y a autre chose… mais c’est un stupide accident, ça n’a rien à voir…
Un employé de mon père s’était coupé dans les doigts avec une scie.
Mon père bien qu’il n’ait pas été présent au moments des faits et qu’il avait veillé du mieux qu’il le pouvait à la sécurité de ses salarié, a été condamné à une amende à payer de sa poche (pas par l’entreprise) et à une peine de prison avec sursis.
J’ai trouvé ça absolument injuste !
…
Je me souviens, je n’aimais pas la façon dont mon père avait parfois de parler à ses employés, je le trouvais « injuste« .
En fin de séance, je dicte un travail de libération à faire…
Quelques jours plus tard, au téléphone.
« Ça va bien, j’ai encore fait des prises de conscience »
» Je me suis souvenue que mon père avait également été auditionné par les gendarmes pour un autre employé dans une affaire de viol. »
» Et il avait été sélectionné pour être juré aux Assises mais a été récusé. »
Le travail de libération se poursuit donc…
Je ne saurai vous en dire plus pour le moment, aussi pour préserver l’anonymat mais vous pouvez déjà constater comment les choses s’articulent parfois et comment les histoires stressantes sont enfouies dans l’inconscient.
Et pourtant l’inconscient livre déjà tout :
- la tonalité juridique
- la notion d’enfermement
- le frein pour être patron
- l’injustice
- les Assises
- le secret(à)taire
Si quelque chose « bloque » dans nos vies, c’est soit pour une bonne « raison » (ce n’est tout simplement pas la voie à suivre) ou qu’il y a quelque chose qui sous-tend ce blocage qui ne demande qu’à émerger et la façon dont est articulé le blocage donne les indices pour faire resurgir l’histoire stressante qui a été vécu mais pas complètement digérée.